1. CONTEXTE GENERAL
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1.2.1   Processus de définition de la demande statistique

Encadré 1 :  De la transformation de la donnée de base aux agrégats et autres indicateurs économiques et sociaux

La donnée de base
Celle qui est enregistrée par la personne directement concernée,
               dans sa comptabilité par une entreprise,
               dans sa mémoire par un individu,
               dans un registre par une administration,
suivant les concepts de l’intéressé et non ceux du statisticien.
La donnée collectée
C’est encore une donnée individuelle, mais anonyme, parce qu’ayant fait l’objet de contrôles de cohérence, de corrections et même parfois d’imputations. Ces apurements sont indispensables pour redresser des erreurs et en particulier celles qui résulteraient d’interprétations erronées des questions par le déclarant.
La donnée de base
Ce sont les résultats d’enquête ou issus du traitement des données collectées des dossiers administratifs, des données collectées et agrégées représentant l’unité statistique moyenne (l’individu moyen) d’une sous-population. Le niveau de regroupement des individus en sous-population dépend de la taille de l’échantillon, de l’homogénéité de la population et de la fréquence de la variable observée.
Les données de synthèse
Données calculées par un modèle qui utilise et prend en compte toutes les informations et données statistiques disponibles provenant généralement de plusieurs chaînes de collecte et traitement et même de différents services statistiques. Ce sont par exemple les données de comptabilité nationale mais aussi les estimations démographiques, l’estimation du taux de chômage, les bilans d’emploi, etc.
Généralement ces données sont très agrégées. Elles corrigent en partie les biais et les erreurs des données statistiques. Ces données de synthèse sont à la limite des projections qui peuvent être fournies très rapidement mais sont à réviser chaque fois que seront disponibles des nouvelles données statistiques.

Pour apporter un appui efficace aux SSN de ses Etats membres ainsi qu’au processus d’harmonisation régionale, AFRISTAT et les Etats membres doivent avoir une vision commune des problèmes des SSN et des solutions à leur apporter.

Le système statistique est un système productif et doit être distingué d’un système d’information statistique. L’institut national de statistique (INS) et les services statistiques sectoriels qui le constituent, pris individuellement ou collectivement, produisent des informations et des données statistiques qui ne sont réellement utiles que si elles sont organisées dans un système d’information statistique. Cela ne doit pas conduire à confondre le producteur et sa production. Le système statistique a une seule finalité : satisfaire la demande finançable de données statistiques.

Encadré 2 :  Demande finançable

La demande finançable de données statistiques
En tant que système productif, le système statistique doit satisfaire les besoins des utilisateurs grâce à une production régulière et durable.
La demande est qualifiée de « finançable » lorsque la production est régulièrement et efficacement prise en charge pour couvrir les besoins exprimés par les utilisateurs. Une telle demande ne couvre que les besoins qui sont accompagnés de financement.
Les données statistiques sont principalement un bien public qui doit être mis à la disposition de tous. Leur production doit être financée majoritairement par la puissance publique selon les capacités de production de l’INS et des services sectoriels. La production statistique est donc le résultat d’une négociation entre trois parties : les financeurs, notamment la puissance publique, les utilisateurs (généralement actionnés par des initiatives internationales) et les producteurs.

La donnée statistique constitue un matériau utilisé dans le processus d’aide à la décision, en particulier lorsqu’elle étaye une évaluation, une étude, une simulation d’effets de politiques, etc. En conséquence, ce sont les services et organismes chargés de ce type de travaux pour les administrations, les grandes entreprises, les organisations patronales, les centrales syndicales, la société civile, etc., qui sont les véritables demandeurs de données et synthèses statistiques et qui par ce fait influencent la définition de la demande. Mais, ils n’ont d’influence que si eux-mêmes doivent répondre à une demande forte des décideurs, notamment le pouvoir politique et les chefs d’entreprise. C’est pourquoi le développement de la statistique reste tiré par le développement des services d’aide à la décision : planification, prévision, stratégie de développement et de lutte contre la pauvreté, etc.

Le processus de production de données statistiques comporte quatre étapes essentielles : (i) l’élaboration et l’actualisation de bases de sondage et répertoires, (ii) la collecte et le traitement de données, (iii) l’élaboration de synthèses statistiques et la réalisation d’analyses pertinentes, et (iv) la diffusion de données et de synthèses statistiques.

Les répertoires et bases de sondage sont les outils essentiels d’un service statistique. Ils comprennent le fichier de villages et de quartiers, des répertoires d’entreprises et d’établissements, des répertoires d’administrations publiques et de types d’établissements d’enseignement et de centres de santé, etc. Si créer un répertoire est un investissement initial qui n’est pas nécessairement exorbitant, le maintenir est indispensable et coûteux.

La collecte et le traitement des données statistiques restent le cœur du métier d’un service statistique. La collecte peut être faite par voie d’enquête ou par exploitation des dossiers administratifs. Dans les deux cas, en aval de la collecte, la chaîne de traitement reste similaire. La mise au point d’une chaîne de collecte et de traitement est un investissement lourd. Il faut donc l’amortir sur une production en série avec une périodicité régulière . Elle repose sur la disponibilité de répertoires ou de bases de sondage exhaustifs et bien actualisés, et pour les enquêtes sur l’existence d’un appareil de collecte pérenne (réseau de contrôleurs et d’enquêteurs expérimentés et formés, couvrant l’ensemble du territoire).

Encadré 3 :  Le nécessaire arbitrage entre les trois caractéristiques des statistiques à produire d’une enquête

Profondeur de la description
Plus une enquête veut mesurer de variables différentes, plus le questionnaire est complexe, plus il prend du temps à être renseigné, ce qui coûte, mais surtout il peut indisposer l’enquêté et diminuer la qualité des réponses attendues.
Finesse des données
C’est le nombre de sous-populations pour lesquelles on souhaite obtenir des données. Plus ce nombre est élevé, plus la taille de l’échantillon devra être importante, plus il faudra stratifier l’échantillon et plus aussi l’enquête coûtera cher.
Fréquence et délais de production
Si une enquête répétée régulièrement revient moins cher qu’une enquête occasionnelle, la répétition a un coût ; par ailleurs, plus la fréquence est élevée, plus les délais d’exploitation doivent être courts.

Enfin, l’élaboration de synthèses statistiques constitue une étape indispensable qui fait intervenir des équipes multidisciplinaires pour donner un sens aux comportements socio-économiques grâce à l’analyse des données collectées et dont la valorisation ne peut être assurée que par une diffusion la plus large possible des résultats.

1.2.2  Problèmes spécifiques des SSN des Etats membres d’AFRISTAT

Les systèmes statistiques nationaux des Etats membres d’AFRISTAT rencontrent des difficultés qui peuvent se résumer en trois points : la demande finançable de données statistiques n’est pas clairement définie, le financement des SSN est insuffisant et leurs capacités institutionnelles sont peu adaptées pour répondre à une demande qui se développe et se différencie. En résumé, la faiblesse de la culture statistique et le mauvais fonctionnement des instances de concertation permanente, comme le Conseil national de la statistique, constituent les principaux freins du développement de la statistique dans ces Etats.

Pendant la période des programmes d’ajustement structurel, la production statistique était devenue très faible et pour causes : les ministères du Plan avaient vu leur influence réduite et les INS produisaient, lorsqu’ils le pouvaient, des données statistiques macroéconomiques avec beaucoup de difficultés et de retard. Aujourd’hui, une demande plus structurée semble se construire autour des besoins de suivi et évaluation des stratégies de réduction de la pauvreté et des OMD.

Non soumis à une pression des utilisateurs nationaux, les décideurs politiques n’ont souvent pas accordé au système statistique national les moyens indispensables pour assurer la production statistique, et encore moins pour maintenir sa capacité de production. La tendance, à déplorer, est de considérer que si les bailleurs externes sont les seuls à accorder de l’importance à l’information statistique, c’est à eux de la financer. Ce qui fragilise d’avantage les SSN dans leur fonctionnement.

Dans bon nombre de pays, les capacités statistiques n’ont pu être maintenues et sont devenues si faibles que les systèmes statistiques nationaux ne sont plus en état de répondre rapidement à un réveil de la demande. Il faut, en effet, un effort soutenu pendant plusieurs années pour restaurer la qualité des répertoires et bases de sondage ou pour reconstituer des équipes de professionnels compétents.


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1.1. Apercu général de l'environnement statistique dans la zone d'intervention d'AFRISTAT à la veille du lancement du PSTA Sommaire 1.3. Acquis, forces et faiblesses d'AFRISTAT