1. CONTEXTE GENERAL | ||
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Précédent | 1.1. Apercu général de l'environnement statistique dans la zone d'intervention d'AFRISTAT à la veille du lancement du PSTA | Suivant |
Les pays africains subsahariens en général, et ceux relevant de l’aire géographique d’intervention d’AFRISTAT en particulier, traversent depuis bientôt trois décennies une période de crise économique et de mutations socio-politiques qui ont des répercussions sur le développement de la statistique dans cette zone et dont l’influence sur la demande en données statistiques est déterminante. En effet, les années 80 ont été marquées par l’aggravation de la crise économique et financière et par la généralisation dans ces pays de l’application des Programmes d’ajustement structurel (PAS) suivis de leurs volets « Dimension sociale de l’ajustement » impulsés par les institutions de Bretton-Woods. Ces PAS avaient créé une forte demande de données statistiques pertinentes à laquelle les systèmes statistiques nationaux (SSN) ne s’étaient pas toujours préparés à répondre efficacement. Par ailleurs, l’orientation des politiques vers le rétablissement des grands équilibres macroéconomiques a eu pour corollaire la concentration des rares moyens disponibles pour l’élaboration de comptes nationaux, de statistiques des finances publiques et de balance des paiements au détriment des statistiques sociales ou sectorielles (agriculture, santé, éducation, emploi, etc.). La priorité était alors accordée aux statistiques économiques au détriment des statistiques sociales et de pauvreté. Par ailleurs, il convient de remarquer que la production statistique ne rencontrait pas toujours les mêmes problèmes, en particulier institutionnels et budgétaires, selon qu’elle était assurée par tel ou tel organisme, notamment les banques centrales pour ce qui est des statistiques monétaires et de la balance des paiements1 . Après deux décennies de mise en œuvre des PAS, les résultats des réformes structurelles engagées ont été globalement contrastés avec de bonnes performances macro-économiques et des faibles niveaux de développement social traduisant l’aggravation des inégalités et la faiblesse persistante du niveau de vie des populations. Face à ces résultats mitigés, la communauté internationale a tenu un certain nombre de sommets (Développement social à Copenhague en 1995, Développement à Libreville en 1999, Objectifs du millénaire pour le développement à New York en 2000, etc.) en vue de redéfinir de nouvelles stratégies de développement axées sur : la nécessité de réorienter les politiques de développement vers les stratégies de réduction de la pauvreté avec pour référence le «Document de stratégies de réduction de la pauvreté » (DSRP), notamment la mise en place de l’initiative «Pays pauvres très endettés» (PPTE) qui permet à ces pays de bénéficier d’une réduction de leur dette extérieure dont les ressources doivent être utilisées pour des actions de réduction de la pauvreté ; la mobilisation des moyens d’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) à l’horizon 2015. Plus récemment, la Table ronde internationale de Marrakech, tenue en février 2004, a mis l’accent sur la nécessité d’assurer le suivi et la gestion du développement axée sur les résultats 2. La mise en œuvre de toutes ces initiatives requiert une importante masse d’informations statistiques que les systèmes statistiques nationaux (SSN) doivent pouvoir fournir dans les conditions adéquates, notamment dans le respect des principes fondamentaux de la statistique publique, des recommandations du Système général de diffusion des données (SGDD) du FMI et des exigences énoncées par la rencontre de Marrakech. En d’autres termes, le retour à une pratique de la planification du développement, pour la mise en œuvre de stratégies de lutte contre la pauvreté, réhabilite le rôle des services d’aide à la décision. L’élaboration du DSRP, sa mise en oeuvre et la nécessité d’évaluer ses résultats apparaissent comme une opportunité, mais comportent aussi des risques pour les systèmes statistiques nationaux. Opportunité car toutes les parties prenantes dans le processus DSRP ont besoin d’informations statistiques fiables et sont disposées à assurer le financement de leur production. Risques car les utilisateurs souhaitent obtenir rapidement un grand nombre d’indicateurs complexes qui ne peuvent être calculés que si l’on dispose de données statistiques pertinentes dont la production demande à la fois plus de temps, les bases appropriées et des arbitrages émanant de plusieurs échelons de décision. Le suivi des indicateurs requiert une organisation des SSN apte à produire régulièrement des données statistiques issues des dossiers administratifs ou des enquêtes périodiques auprès des ménages ou d’autres unités, notamment des entreprises. Il s’agit en réalité de procéder à un investissement qui demande du temps et des ressources tant humaines que financières. L’initiative et les actions de PARIS21 en faveur des stratégies nationales de développement de la statistique revêtent ici une grande priorité et conditionnent un changement significatif de la manière dont les Etats assurent une bonne gestion du développement. Sur le plan socio-politique, au début des années 90, le processus de démocratisation, avec ses corollaires de décentralisation et de déconcentration, a fait prendre conscience par tous les acteurs du développement socio-économique et culturel de la nécessité de disposer d’une information fiable pour alimenter la bonne gouvernance prônée par le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et à travers le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP). Le contexte actuel de libéralisation des économies et de mondialisation a suscité le besoin et la nécessité d’une intégration économique plus poussée des pays de la région. C’est dans cette optique qu’ont vu le jour en 1994, l’Union économique et monétaire Ouest-africaine (UEMOA) et la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) qui regroupent actuellement quatorze des dix sept Etats membres d’AFRISTAT. Ces efforts d’intégration exigent des données statistiques comparables élaborées selon des méthodologies harmonisées. Il découle de ce qui précède que des évolutions significatives se sont produites dans l’environnement statistique de la zone géographique couverte par AFRISTAT. Ces évolutions entraînent de nouvelles exigences sur les plans méthodologiques, humains, logistiques etc. pouvant permettre aux SSN, si elles sont satisfaites, de répondre à temps et avec efficacité aux nouveaux impératifs en matière de production, d’analyse et de diffusion des données statistiques. A la veille du démarrage du deuxième cycle de fonctionnement d’AFRISTAT, malgré une croissance flatteuse de 5% des économies de la sous-région et l’accroissement de 2,7% du PIB/tête en 2004, les inégalités sociales et la pauvreté persistent, et l’espoir de voir la pauvreté se réduire de moitié d’ici à 2015 s’amenuise. Les stratégies de développement des prochaines années devront donc reposer sur des données plus abondantes et des évaluations pertinentes afin de guider les décideurs avec plus d’objectivité. AFRISTAT dont la mission majeure est de contribuer au développement des statistiques économiques, sociales et environnementales dans les Etats membres et de renforcer leurs compétences dans ces domaines tient compte de ces évolutions dans la conception de son programme stratégique de travail 2006-2010. 1 Dans les Etats de l’UEMOA et de la CEMAC, les balances de paiement sont confectionnées par la banque centrale sauf au Cameroun où elle est du ressort du ministère de l’Economie et des Finances. 2 Cf. www.worlbank.org/data/results.html et le numéro 28 de La lettre d’AFRISTAT. |
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